Les dix-huit jours de Walter Hanse.
Auteur : HANSE Walter
Préambule
Pour des raisons bien diverses, conter son vécu des 18 jours de 1940 est, pour chacun, chose bien pénible en soi. Les principales caractéristiques en seront, certainement, l’exactitude des faits au jour le jour, dont, toutefois, la mémoire n’est plus la gardienne fidèle ; aussi, la crainte d’amplifier ou de minimiser l’événement ; de même, avoir mieux ou moins bien subi ces moments inconcevables.
De mon récit, gardez seulement ce qui vous fera sourire.
« Tout comme l’avenir, ce n’est pas tout à la fois, mais grain par grain, que l’on goûte le passé ». (Marcel Proust).
Narrer 1940, c’est rouvrir la blessure apaisée d’une tourmente qui aura marqué à tout jamais 18 jours de notre belle jeunesse. Bien des mois passeront à nouveau afin de laisser cicatriser ces souvenirs que nous croyions à tout jamais remisés. De façon à cerner au mieux l’histoire, le personnage et l’événement à venir, il est bon de faire le grand saut en arrière, l’an 1938, et d’y mêler les joies, les peines et pourquoi pas assaisonner le tout d’un peu de cet humour qui à fait dire que « Le principal était d’en sortir ». Ainsi, arrivant la fleur à la boutonnière et la chanson « Mon Légionnaire » aux lèvres, je m’étais mentalement préparé à cette idée du
« Service militaire obligatoire » (gloire de la famille pour la photo ?). Je me voyais déjà à cheval — c’était mon idée fixe — lui passant, au col, une couronne de fleur. Ah ben oui ! Ici mes espoirs de tant d’années furent vite déçus : j’étais affecté au « 13° de Ligne » à Namur, au renom de ses Gloires de 1914-18 et de ses percées à pied au travers les lignes ennemies. Cela n’était pas mon côté fort et surtout pas mon affaire, ni celle du cheval en question. Aussi, tout subitement à l’entrée de la caserne, je me sentis des faiblesses extrêmes dans les jambes, sauf pour le sport. Dès les premiers jours et pour toute la durée de mon instruction militaire, la Cie École, pour son bonheur, dut subir, en dilettante, mes fredaines musicales, et pour son malheur, ma revanche, pâtir
des effluves d’un mélange olfactif de cuir à chaussure militaire et de pied de civil échauffé.
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