Rencontre avec Désiré Guillaume (suite et fin)

PETITE(S) HISTOIRE(S) DE L’AN QUARANTE

Pendant la campagne des 18 jours, j’ai été envoyé en France avec mon unité. Entre autres tâches, j’ai dû réceptionner l’arrivée de 20 avions américains destinés à l’armée française. Le bateau qui les transportait, démontés, a accosté à Caen (6). Les dockers ont refusé de décharger les pièces : le matériel de guerre américain était mis à l’index par le syndicat communiste.

J’ai fait repartir le bateau pour Bordeaux. J’étais là lors de son arrivée. Le déchargement n’a pas été davantage possible, à cause de l’avance allemande et de la capitulation française. J’ai fait rebrousser chemin au bateau. Les avions sont partis vers l’Angleterre, où ils n’ont jamais été montés. Une opération totalement inutile donc.

Nous avons été démobilisés fin août, lors de notre retour en Belgique occupée. J’ai dit à mon chauffeur de garder ma voiture militaire. C’était une grosse Chevrolet 7 places. Le chauffeur a bien vécu durant toute la guerre grâce à cette voiture : il l’a démontée et a vendu les pièces séparément.

Désiré narre une petite anecdote nivelloise de l’automne de 1940.
Un dimanche midi, je me rendis au restaurant de la plaine des sports. Le bourgmestre Léon Jeuniaux est attablé avec le commandant-comte Durckheim, chef de place. Le bourgmestre me présente comme major dans l’aviation belge et ajoute que j’ai fait la campagne des 18 jours !

L’officier allemand me salue courtoisement, sans plus. Je lui rends son salut.

Quelques mois plus tard, j’étais évadé. Je n’ai plus revu Léon Jeuniaux de toute la guerre, forcément. Lorsque nous nous sommes retrouvés, pendant l’hiver 44-45, je lui ai rappelé cette rencontre. Il s’en souvenait fort bien : il savait encore qu’en 1941, le commandant allemand lui avait un jour demandé des nouvelles du major : notre bourgmestre lui a répondu que le major avait repris du service… dans la Royal Air Force.

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