Au cimetière.

Paru dans l’Aclot du 03 novembre 1889.

Après les jours de fête, sont venus les jours de deuil et nos oreilles sont encore pleines des lugubres accents des cloches qui, chaque année, par leurs tristes appels, semblent nous
demander un souvenir pour ceux qui dorment là-bas. Mais à côté des familles qui consacrent vraiment, sans étalage et sans bruit, ces jours de repos aux absents, combien d’autres ne font plus aujourd’hui de leur douleur qu’une question de mode et de vanité ?

Pour elles, le cimetière est devenu le jour des morts, un but de promenade où l’on tient à exhiber les premières toilettes de la saison qui commence. Dieu sait combien peu l’on songe à ceux qui reposent là, sous cette terre que l’on foule en examinant curieusement les tombes, critiquant le mauvais goût des unes, ne tarissant pas l’éloge sur la somptuosité et le luxe des autres, et parcourant d’un œil
indifférent et distrait les épitaphes portant des noms connus et parfois même des noms amis.

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