1942, en route pour l’Angleterre…

Juillet 1942
Le train roulait déjà depuis un moment quand je réalisai où je me trouvais. Entouré de quelques ouvriers assoupis et désirant passer inaperçus, je voulais faire comme eux, mais loin de m’endormir, je revis en pensée ces deux dernières années, l’agression allemande, l’exode, la capitulation, et quelques semaines plus tard, le retour au foyer d’êtres aigris, impuissants, conquis mais non soumis. Ensuite l’occupation subie avec amertume et dont seule la fuite pouvait me libérer.
Mon but, c’était d’échapper à l’ennemi et de rejoindre, en pays libre, les camarades qui continuaient la lutte.
Tiré de ma rêverie par l’arrêt du train en gare, je me mêlai aux autres voyageurs. Dans la station, j’aperçus deux amis que, fidèle à la consigne, je feignis de ne pas voir, car les instructions reçues devaient être strictement observées. De cela dépendait la réussite de notre entreprise et peut-être aussi notre vie.
Mon itinéraire m’avait été tracé par le chef pour le premier jour, d’autres instructions me seraient données ultérieurement.


Je passai sur le quai muni de journaux. Me sentant observé, je levai la tête. Un homme d’une trentaine d’années, très distingué, vêtu avec élégance d’une gabardine claire me dévisageait avec insistance. Nos regards se croisèrent un instant, mais il passa.
Le train arrivant, je me dirigeai vers un compartiment désert et me replongeai dans ma lecture suprême refuge du voyageur qui ne veut pas être dérangé.

……….


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