L’exode en Grande Bretagne

J’avais 38 ans en 1940. Mon mari, agent S.N.C.B. était d’office réquisitionné pour son service. Mon père, Jules Genty, 63 ans à ce moment, ma fille Elisabeth, 16 ans, et moi, avons pris le chemin de l’exode le 14 mai, comme beaucoup de Nivellois. Par quel moyen? À vélo. Tous les trois.
Mon père avait enfourché un ancien Van Hauwaert à guidon de course. Et nous emmenions nos deux chiens…
Nous nous sommes trouvés coincés dans la pagaille des réfugiés qui encombraient les routes. Nos vélos ont été perdus. Mon père aussi et c’est grâce à un incroyable hasard que nous l’avons retrouvé, dans le Pas-de-Calais. Nous avons subi les mitraillades et les bombardements des Stukas en nous disant que nous n’échapperions pas à la mort. Finalement, nos pérégrinations nous ont conduits à Cherbourg. Là, nous sommes montés à bord d’un bateau en partance pour Southampton.
Bertha Genty (1990)

L’accueil anglais a été excellent. Nous avons toutefois vite compris qu’il nous fallait contribuer à l’effort de guerre.
Mon grand-père était un verrier pensionné. Il a travaillé dans une usine près de Birmingham. Il y est resté pendant un an; les Anglais n’ont pas cessé de le féliciter, car sa productivité dépassait largement la moyenne. Mais les bombardements de l’aviation allemande étaient terribles. Nous avons pu nous installer dans le Cumberland, près de l’Ecosse. Là, mon grand-père et ma mère se sont occupés de besognes ménagères pendant que j’entreprenais des études d’infirmière. J’ai accompli des stages dans divers hôpitaux.
C’est à Liverpool, à l’hôpital pour marins de la Navy, que j’ai rencontré Jean Laurent, mon futur mari.
Nous sommes revenus à Nivelles en septembre 1945. Mon père nous attendait.
Elisabeth Laurent-François
(fille du témoin précédent)

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