Sourires judiciaires.

LE TRIANGLE RENVERSE(11)
Parmi les magistrats, en ce temps-là, il pouvait y avoir des pisse-froid de première grandeur, comme si le rire eût été condamnable. Heureusement, il y en avait d’autres.
Rassurez-vous : Ils étaient d’excellents magistrats, sérieux en leurs travaux, mais ne se prenaient pas au sérieux pour autant. Ils étaient de bons vivants. Leur commerce était
agréable. Ils pouvaient parler des meilleurs vins et, quelque peu rabelaisiens, des plaisirs de la vie. L’un de ces humanistes à visage humain, qui, soit dit en passant, n’avait guère à son actif de jugements réformés par la Cour d’Appel, et bien qu’il fût arrivé à l’automne de son existence, ne cachait point son intérêt pour le beau sexe. Il en usait au besoin pour détendre l’atmosphère après une audience difficile, même en cours d’audience en formulant une plaisante remarque en aparté au greffier. Il l’avait même chargé de donner des instructions à Fernand, l’huissier de
salle.

C’était au temps où les rues et tous les endroits publics connaissaient une nouvelle jeunesse. Ils étaient devenus amusants, sinon intéressants à fréquenter. Partout fleurissait la nouvelle mode, celle des mini-jupes!
Très vite, Fernand fut chargé de repousser la table où prenaient place les témoins appelés à la barre. Ce meuble, normalement placé, cachait la vue sur les jambes des jolies prévenues assises sur le banc à elles réservé !

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