Nivelles ou La Pentecôte de Gertrude
Auteur : WUILLAUME Bernard
Une petite fille fit un rêve mystique.
Avec le temps, ce rêve devint une réalité et de cette réalité naquit une ville.
Mais, direz-vous, les villes ne se bâtissent pas sur des rêves ! Elles s ‘érigent à la croisée des grandes routes, au confluent des fleuves, autour des échoppes d ‘un marché ! Partout où des hommes vaquent à leurs affaires, se parlent, racontent des histoires, vendent ou achètent des choses !
Pas cette ville-là cependant. Certes il fallut que des foules se mettent en marche vers ce lieu ; elles le firent pour être aimées, consol ées, confortées , pardonnées ou guéries.
Et c’est ainsi, à cause d’une histoire d’amour entre Dieu et Gertrude, QUE NIVELLES FUT.
LA NARRATION
Tache sombre parmi d’autres ombres, la bure du moine agenouillé se remarquait à peine dans l’obscurité du sanctuaire.
Epuisé par le jeûne, l’homme en prière devant la chapelle du Saint Sacrement s’était endormi. Ses compagnons l’avaient vraisemblablement oublié, la nuit était tombée, la basilique s’était vidée des pèlerins et il était resté là.
Sans doute aurait-il passé la nuit sur place si un courant d’air n’avait agité la flamme des chandelles, bougeant les reflets sur le marbre du sol et accrochant le regard d’un garde sur la forme affaissée.
Celui-ci crut d’abord qu’il s’agissait d’un mort et s’approcha craintivement, anticipant les ennuis qui troubleraient la quiétude de sa veille. Mais quand il perçut le léger ronflement du dormeur, il réalisa son erreur et fut pris de colère et se précipita sur le moine pour le bourrer de coups de pieds, le réveiller et l’éjecter du bâtiment en l’injuriant.
Le corps endolori, mal réveillé et tout ahuri, Amandus étalé sur les marches du parvis de la basilique, essaya de rassembler ses esprits. Les ténèbres et le silence insolite de Rome lui apprirent ce qui s’était passé.
……..