Chroniques
Auteur : TILLEUX Robert
Mon gamin
Garçon, je pense à toi dans le désordre.
Ton prochain anniversaire y est pour quelque chose : tu vas avoir douze ans.
Je pourrai imaginer ta joie. Chacun l’a connue. Il importait peu que l’arrivée à cet âge ait été fêtée ou non par une quelconque cérémonie rituelle. Le plus beau cadeau était celui offert par la nature. Le corps des filles et des garçons se transforme. On quitte l’enfance. Enfin. On ignore que la vie va vite, qu’elle est tout et rien à la fois, que les regrets viendront beaucoup plus tard…
Tu n’es pas différent.
J’en suis convaincu, même si je te connais peu.
Depuis ta naissance, tes visites furent rares. Quelques heures, de plus en plus courtes, grappillées toutes les cinq à six semaines. Pour l’heure, tu bats le record : plus de trois mois se sont écoulés depuis ton dernier passage. Je ne parle pas des jours proches du Nouvel An. Mamy et moi n’avons jamais dû attendre ta venue. Les embrassades votives furent remplacées par un coup de sifflet. Tu n’en peux rien. Tu n’as pas été instruit en pèlerinages affectueux.
……….
La fourchette aux souvenances – Le pickles.
Tout a une fin !. J’ai épuisé les souvenirs attachés à une préparation culinaire estimée peu connue, à tort ou à raison. Dès lors, je clôture mes « Fourchettes aux souvenances » sur une note piquante et un doute.
Piquante à plus d’un titre et en doutant qu’une ménagère jeune, trop habituée au « prêt-à-manger » industriel, veuille encore passer son temps — toujours précieux, cela va de soi — à réaliser cette dernière recette. Enfin… Peut-être.
C’était un matin. Je revois encore ma grand-mère revenant du marché avec un couffin bien fourni. Une mauvaise surprise l’attendait à la maison. Il y avait du vent dans le sassafras conjugal. Ce vent soufflait fort. Ma mère avait ouvert les hostilités. Je ne sais pour quelle raison mes parents se chamaillaient de fort belle façon. Je ne pus répondre aux questions inquiètes de « Bobonne ». La main levée pour exprimer son impuissance, et chagrine avec cela, elle me confia : « Ah la la. votre mère ! C’est ma fille, mais des fois,
elle est une gale à picots ! ».
……..