Chroniques

Ainsi parlait Bobonne – IV
J’ai déjà évoqué la mémoire de mon oncle Arthur. Il mérite mes pensées toujours ferventes. Son souvenir appartient à la geste familiale. Riche à souhait, généreux comme pas deux, sérieux comme un pape en affaires, mais, en dehors, joyeux drille, grand consommateur de bons vins et de « petites madames », ses
frasques étaient légendaires. Les anecdotes sont nombreuses. J’en cite une pour mon plaisir. En toute légalité, je l’avais tiré d’un mauvais pas, suite à une nuit bien arrosée.
Pour me remercier, il tint à m’offrir un week-end gastronomique au casino de Middelkerke. Nous voilà partis dans sa nouvelle voiture. Moi, assis à ses côtés, les femmes installées à l’arrière. À l’entrée de l’autoroute, deux superbes filles faisaient de l’auto-stop. Il me marmonne entre les dents :
« Robert, on fout les bobonnes dehors et on prend celles là ? ».
Sa femme n’était pas sûre de ce qu’elle avait entendu. Elle l’interrogea :

— Tu dis, Arthur ?
— Je dis que ce sont des salopes !
Mort bêtement d’une grippe mal soignée un jour de Noël, ses dernières paroles, dans l’ambulance qui le conduisait à la clinique, le soir du réveillon, furent :

— C’est con de mourir quand les autres s’amusent !

……..


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