Chroniques

Ainsi parlait Bobonne – II
Il est évident que je n’étais pas le seul à fournir à mes grands-mères l’occasion de prononcer des maximes mûries aux expériences de la vie. Bobonne avait ses fils, ses filles, ses petits-enfants, mes cousins et cousines, sans parler de moi, avec autrui en supplément.
Je doute que jamais ses descendants, survivants ou non, se soient souciés de retenir ses phrases magistrales. Les décédés et les derniers encore en vie avaient d’autres ambitions. Si remarquables pouvaient être ses axiomes spontanément énoncés, je pense qu’ils n’y firent point attention.
Devenu un patriarche délaissé, j’assume aujourd’hui, à ma façon, le titre qui m’était donné jadis de pèlerin de la famille.
Je n’ai plus de chapelle à hanter. Il me reste ma table de travail. Elle est mon tremplin pour m’élancer vers mes souvenirs et, modestement, sans bâton ni coquille Saint-Jacques, je fais œuvre de dévotion. Et je me souviens.
Un jour, tante Simone nous vint visiter. Elle était la femme de l’oncle Arthur, l’un des fils de Bobonne. La pauvre avait la mine d’une affligée. Il ne fallut point qu’elle parlât pour que tout un chacun se rendît compte que quelque chose ne tournait pas rond. Nous pouvions deviner qu’Arthur devait être à l’origine d’une mésentente. Industriel industrieux, toujours élégant, bon vivant, un tantinet gaulois gaillard, on ne pouvait pas ne pas l’aimer. Physiquement, il me faisait penser à
l’acteur David Niven.
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La fourchette aux souvenances – II
Légume de pourpier

La première fois que j’ai mangé du pourpier, c’était au cours d’un diner de grandes occasions. La famille de mon père se réunissait autour d’une table généreuse pour je ne sais quelle raison.
Je passe sur les détails. J’avoue les avoir oubliés. J’ai retenu un potage aux champignons. Une merveille… Le souvenir me hante encore. Bien des années plus tard, dix fois, j’ai tenté de refaire cette « soupe » digne des dieux, soit par intuition, soit en suivant, dans des ouvrages de cuisine, le prescrit de quelques recettes. En vain. Ce n’était pas mauvais, loin s’en faut, mais point délectable. Je n’ai pu retrouver la finesse et les saveurs d’une composition de grandmère.
Bien sûr, il devait s’agir de ces bons vieux champignons de prairie disparus, que tôt levé, j’allais ramasser dans les prés en mes jeunes années, pour d’inoubliables omelettes matinales. Mais le reste ? Mystère et boule de gomme.
J’aurais dû demander comment faire. Je présente deux excuses. L’une louable, j’étais jeune, la seconde, moins « honnête » : à table, j’avais à mes côté ma cousine puinée, qui, sous la protection de la nappe, me faisait comprendre, par attouchements, qu’elle avait envie de m’initier à
quelques jeux « médicaux » !
Passons. Cependant, malgré ces sollicitations discrètes, j’ai retenu les délices d’un légume
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