El tchèvau da Blanc-Boulî (Le cheval de Blanc-Boulî)

Un animal de caractêre
Blanc-Bouli, c’était Jean Wichot, le boulanger des Wailles.


Nerveux, long et tordu dans son sarrau flottant, tout poudré de farine, il évoquait l’arbre a la blanche écorce agité par le vent. A huit heures et demie, sa carriole stationnait souvent devant la grille de l’école communale.
— Bondjou Djan !
— Bondjou lês gavios ! N’ascoutez né lês babiâdjes du mésse. Les guères, c’èst pou stefler lês djins, l’escole, c’ëst pou les stoufi ! (Bonjour les gamins ! N’écoutez pas les babillages du maître. Les guerres sont faites pour tuer les gens, l’école pour les étouffer.)
Notre instituteur, debout sur le pas de la porte, l’écoutait en souriant. Il savait que le boulanger n’avait pas débusqué le carré de l’hypoténuse ni braconné les participes passés. Par contre, ce sacripant triait la monnaie plus vite qu’un canari, ses graines.  » In doigot, c’èst ‘l mitan d’in liard. I d’in faut cîk pou fé
‘n mastoke s. ( Un gigot, c’est la moitié d’un liard. Il en faut cinq pour faire un Sou.)
Dans la mesure ot Christophe Colomb devait sa réputation a un oeuf, Blanc-Bouli devait la sienne à son cheval. Marquis était un hongre gris pommelé dont la robe s’accordait au vêtement neigeux du boulanger. Corps massif, haut monté, bouleté, jarreté, vif et franc de collier, ce percheron hautain toisait tous les
passants de son ceil ombrageux.

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