Glabais : Mon village en l’an quarante.

Le Tour de France de Joseph, notre Boulanger.

Le 13 mai 1940, un communiqué du Ministère de la Défense Nationale enjoint aux autorités communales d’appeler les hommes de 16 à 35 ans non mobilisés. L’ordre vise surtout les miliciens appartenant aux classes 1941, 1942 et 1943. Ces derniers doivent se rendre ’immédiatement et par tous les moyens à leur disposition” soit à Ypres, soit à Roulers, pour y recevoir l’instruction militaire qui permettra leur incorporation dans une unité.
Ces consignes, imaginées pour une guerre de longue durée semblable à celle de 1914-1918, vont jeter sur les routes des milliers de jeunes dont l’odyssée se terminera dans le sud de la France.
Joseph Couronné, notre ancien boulanger, connu de tous dans le village, âgé à l’époque de 19 ans, s’en souvient :
« En mai 1940, j’habitais avec mes parents dans la maison Située face à l’église. Ma mère y tenait un débit de boissons. Les nombreux militaires belges et français qui allaient et venaient dans le village ne manquaient pas d’y entrer pour se désaltérer. La cave de Laure (c’est ma mère!) se vidait à vue d’œil. Il fallait absolument penser à renouveler les provisions liquides qui s’épuisaient. Avec une petite camionnette, je suis donc allé chez
Léon Robson, le marchand de bières dont le dépôt de marchandises jouxtait la grand-route Bruxelles Charleroi. Ce bâtiment a été démoli il n’y a pas bien longtemps pour faire place à la voie rapide qui va relier Wavre à Nivelles.
Léon Robson avait un fils, de deux ans mon cadet, qui portait le même prénom que son père. Pendant que nous chargions les casiers, Julien Stassin, le garde champêtre aux grandes moustaches, s’amena sur son traditionnel vélocipède. Après nous avoir salués, il tira de la poche de sa veste une liasse de papiers qu’il commença à feuilleter. Il en sortit l’ordre de rejoindre destiné à Léon Robson junior. Profitant de ma présence, il me remit le document qui m’était destiné. Inutile de vous décrire l’accélération de mes battements de cœur !
Le lendemain, vers dix heures de la matinée, à Genappe, la place de la gare était noire de monde. Les jeunes gens des environs, portant une petite valise ou un maigre baluchon, étaient rassemblés.

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