La cloche déserteuse, conte de Pâques.

Cette année-là, Marjo Lardinoise, la cloche de Clochardenne, décida qu’elle profiterait du grand voyage à Rome pour déserter. Elle s’ennuyait à Clochardenne. Que voulez-vous ? Elle y était sans doute trop heureuse.         

A Rome, la sournoise, ayant reçu la bénédiction du Saint-Père, prit sa pleine charge d’œufs de Pâques et s’envola, avec des milliers d’autres cloches, vers le Nord.

Seulement, au-dessus des Alpes, comme la caravane s’élevait très haut pour éviter le risque de buter sur les cimes brumeuses, Marjo fit son mauvais coup. Elle se cacha dans un nuage, laissa passer toutes ses compagnes et, le soir venu, vint se poser voletante et toute rieuse du bon tour, dans un bosquet de pins-parasols, pas loin de la mer.

Elle passa là sa première nuit de désertion, une nuit charmante. S’il faut tout dire, elle éprouvait bien dans son cœur de cloche, comme un pincement qui ressemblait à un remords, mais le bosquet de pins parasols sentait si bon l’encens, l’air tiède et frais traînait un tel parfum de jardin de curé, et, de la mer proche et toute bleue, les étoiles faisaient un vitrail si vaste et si lumineux, que Marjo pensa : — Je n’ai pas mal agi. Je change de climat, voilà tout !

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