La vie tout simplement : Jean

Auteur : GHELLYNCK Jacques Madame Virginie était heureuse dans sa ferme avec son mari et

Madame Virginie était heureuse dans sa ferme avec son mari et sa fille.
Le sort s’est acharné sur elle et en 4 ans de temps, elle perdit sa fille et son mari ; de bêtes accidents, comme on dit. Elle en est alors revenue à sa profession première: institutrice à l’école des Sœurs, dans son village. Elle n’a jamais pu, ni voulu se remarier, Elle avait enterré ce rêve d’avoir, enfin pour elle, un enfant à élever.
Actuellement pensionnée, elle vit seule. Elle a aimé tous les enfants, mais pour Jean, c’était différent.
Les Sœurs chargées de la gestion de l’école, du temps où elle-même enseignait, appartenaient à une congrégation religieuse. Leurs consœurs, en ville, géraient depuis longtemps un orphelinat.
Un soir, après la classe, la Supérieure l’a appelée pour lui demander si elle accepterait d’accueillir, pour un temps, un petit enfant de deux ans. Virginie avait tant d’amour à donner
qu’elle a accepté. Et Jean est arrivé, elle l’a aimé, il est resté, elle l’a éduqué. Au village personne ne faisait de différence, c’était le gamin de Madame Virginie.
Chez nous, personne n’utilisait les noms, la vie au quotidien s’accommode fort bien du prénom. Et si le hasard faisait que deux enfants portaient le même prénom, pour les différencier,
on n’utilisait pas le nom. La référence de différenciation était le lieu d’habitation, le métier ou le prénom du père. On disait ainsi : Armand du champ d’Oiseau, Gus du boulanger, Jules de Pierre ou François de la laiterie. Tout le monde l’appelait dès lors Madame Virginie, un nom de fonction. Elle aurait parié gros que peu de gens au village connaissaient encore son nom.

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