Le vélo de Garrigou.

Retour aux sources
J’avais l’envie de revoir Lês Crolis, ce marécage qui recouvre l’étroit fond de vallée d’où sourd le ri des Wailles.
Sur la route qui m’aspire vers le village, des images anciennes defilent, les panneaux de signalisation se masquent de petites feuilles d’aunias (aulnes). Je crois voir se balancer des nids de rousseroles effarvattes (fauvettes des roseaux) sur L’herbe haute des talus. L’écran du pare-brise déroule un tapis de maraches
(tourbières) veinées de sentiers-piëge.

La voix de Djèdjet, mon compère d’aventures buissonnières, m’avertit : « Atincion au trô d’tounwêre ! doula, doulê d’lé les cus d’chaudrons. (Attention au trou de tonnerre, là, là prês des populages).

Trop tard ! une roue avant de l’auto fait gicler l’eau huileuse d’un nid-de-poule, la chausse-trappe m’était pas marquée de fleurs jaunes. Il pleut. Le capot du vehicule semble frôler des haies de rojas (roseaux), des coulées de djons (joncs) et se fouetter d’ardjeuls (0siers).

Le friselis du vent sur la portière épouille les linaigrettes de minous imaginaires, ratisse les plumeaux rosés des trinnes (renouées bistortes).

J’ai envie de corner, de surprendre un envol caquetant de colverts, de voir se contorsionner la silhouette hiératique d’un héron apeuré. Inconsciemment, les courses et les gestes d’enfance s’animent dans ma tête. Je recopie sur mes cahiers d’écolier les mots wallons que le maître nous traduisait en termes savants. L’imagination est un foyer où se consument les bois dormants de la mémoire !

……..


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