L’histoire inachevée.

Il est des histoires dont on aimerait connaitre le mot de la fin.
Ce matin-là, l’hiver humide s’éternisait. J’avais sur le dos mon lourd manteau brun, qui m’accompagne sans désemparer depuis dix ans durant la mauvaise saison.
La gare était presque vide. Presque vide le quai.
Hormis l’homme solitaire au pardessus bleu tout là bas, qui ne songeait qu’a conserver sa solitude à
l’avant du train. Et puis deux femmes rompues à l’art de la conversation quotidienne. Enfin quelqu’un assis sous l’aubette, immobile.
Comme j’aimais ces minutes lentes qui précèdent l’instant ou la foule des navetteurs surgit brusquement de partout. Je les vivais rarement. Je connaissais mieux le moment ou l’alarme du passage à niveau stridulait. Des paquets de fonctionnaires sortaient alors de la salle d’attente, où la lutte pour les places assises venait d’être serrée. Certains s’extirpaient de leur voiture garée a la hate ou embrassaient
leur conjoint qui les avaient conduits jusque là. D’autres enfin s’engouffraient dans le passage souterrain, entendaient leurs pas et leur cœur résonner à leurs tempes et bondissaient dans le dernier wagon, après un geste reconnaissant au chef de gare. Puis ils s’affalaient dans un coin du compartiment, gênés de s’être donnés en spectacle, la poitrine douloureuse et la bouche en panne de salive.

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