Nivelles ou La Pentecôte de Gertrude.

LA NARRATION

Vers 650, prêchant la Bonne Nouvelle, l’homme de Dieu Amandus arriva enfin à Nivelles (21). Là, deux femmes attendaient un signe du ciel. Itte (22), la mère, veuve de Pépin le Vieux depuis près de dix ans, riche d’un immense domaine (23) et d’une fille qui-ne-voulait-pas-se-marier, deux objets de grandes et impatientes convoitises. Gertrude, la fille alors âgée de 24 ans, jolie, intelligente et cultivée, était visiblement consumée par un ardent désir d’appartenir au Seigneur Jésus-Christ (24), Toutes deux se sentaient concernées par la pression du monde sur elles et leur devenir, qui menaçait la paix de leur retraite avec une concupiscence qui ne se dissimulait plus (25). L’évêque Amandus ne pouvait ignorer leurs soucis ; il eut été inconcevable que la rumeur publique ne se fut emparée de l’invraisemblable attitude de la plus jeune fille de Pépin et n’eut commenté, d’un bord à l’autre de l’Austrasie, l’étonnant déni de mariage de cette jeune franque, de haut lignage (de très grande fortune aussi) et jolie de surcroît.

Quel gâchis de chair et de biens enfin, comme si l’impertinence n’eût été assez grande, prétendait rester vierge et se consacrer à Dieu ! Folie ! (26) Singularité ? Non pas, vraiment pas pour Amandus. Il avait fondé Elnone, puis Gand et avait visité Stavelot, l’abbaye fondée en 646 par Grimoald, le frère de Gertrude (27), Tous ces monastères avaient attiré un grand nombre de vocations. Pourquoi pas les femmes ? Pourquoi n’auraient-elles pas, autant que les hommes, le besoin de se retirer du monde pour se dévouer au service divin et, en opposition à ce siècle instable autant qu’inquiétant, vivre une vie cenobitique ?

Il était venu sans a priori mais l’endroit lui parut propice à une établissement monastique (28). Le vallon était charmant, l’eau abondante il était peuplé de païens à évangéliser, de misères à consoler et de maladies à guérir. Ecarté, il était propice à la prière.

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