Numéro spécial consacré à la châsse de Sainte Gertrude

Description de la châsse

La châsse de sainte Gertrude a été plusieurs fois décrite. Citons notamment :
1863. Asselin et Dehaisme. Mémoire à la Sorbonne.
1912. L’abbé Saint Sernin, Marianiste à Nivelles. Apôtre de Marie.
1929. Laure van Waesberghe, étudiante à la Cambre. Mémoire.
1961. Mme Donnay-Rocmans, Gazette des Beaux-Arts. Paris 1961.
Ce sera surtout le mémoire de 1929 qui servira de base pour ce résumé, simplement parce que ce travail n’a jamais été publié, qu’il a été fait avec la châsse devant les yeux et avec l’aide du chanoine Mary.

Le reliquaire mesure 1,84 de long, 0,59 de large, 0,92 de haut. Il est construit en argent. D’après P. Coremans il présente à l’analyse 90 à 94 % d’argent, 3 à 6 % de cuivre et 0,7 à 1,40 % d’or. La dorure est faite au vif argent dit le contrat. Il s’agit d’un alliage d’or et de mercure, celui-ci s’évaporant en chauffant.
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Histoire de la châsse

Notre châsse fut soumise, au cours des siècles, à de multiples vicissitudes que nous évoquerons dans les grandes lignes .
Elle fut épargnée au moyen âge par le pillage des troupes du Comte de Flandres et du duc de Saxe. En 1580 les gueux s’étant emparés de Nivelles allèrent à la collégiale pour la piller. La prévôte la sauva par une attitude courageuse.
Le chapitre veillait soigneusement sur les restes de la sainte et prit l’habitude de cacher les objets précieux et surtout le Corps Saint à l’approche d’un danger. Le coffre en bois contenant les reliques était retiré et transporté hors Ville.
C’est ainsi notamment qu’il fut envoyé à Mons le 24 septembre 1574 d’où il ne revint que le 12 août 1585. Deux cents bourgeois de Nivelles allèrent le reprendre à Mons tandis que l’abbesse, les chanoinesses, chanoines, mayeur, échevins, ordres monastiques, serments et métiers avec bannières, suivis d’une foule considérable avec flambeaux, accueillirent les reliques à Arquennes.
«Le 28 août 1622 les reliques furent tirées hors de cette église et transportées à Bruxelles avec les argenteries pour être sauvée de la soudaine et violente irruption que fit en France le Batard de Mansfeld… Le 25 novembre suivant les reliques furent transportées de Bruxelles en cette Ville avec grande solennité par le clergé en procession et par le peuple qui vient au devant jusqu’à Witterzée. Le 26 étant icelles reliques posées sur le grand autel, on chanta une messe».
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Mai 1940 : la destruction

Mon propos est de raconter comment la châsse et le trésor de la collégiale de Nivelles furent détruits, suite au bombardement de la ville par l’armée allemande en mai 1940. Je le ferai d’après les notes de Monsieur le chanoine Mary, doyen de la collégiale, écrites au fur et à mesure des événements. Les lecteurs partageront sans aucun doute les sentiments de douleur et d’émotion que ressentait le doyen devant cette catastrophe, qui détruisit la ville et avec elle une œuvre de valeur inestimable dont l’Europe entière était fière. Les dégâts à la collégiale étaient graves, mais elle n’était pas touchée dans ses oeuvres vives et pourrait être restaurée. Son mobilier, sauf le trésor, avait peu souffert et si certaine mesure de précaution avait été prise, ce trésor serait intact. La fatalité l’a voulu autrement.
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La restauration

Dès juillet 1940, le doyen Mary a déjà étudié le problème de la restauration de la châsse de sainte Gertrude ! En 1942, ses démarches approchaient du succès. A ce moment en effet, les autorités étaient soucieuses de donner du travail aux orfèvres de la Belgique occupée. Même l’autorité allemande, sollicitée par Mr Pfitzner, avait donné son accord. Le coût de la restauration prévu était étonnamment peu élevé. L’affaire n’eut pas de suite, probablement faute de moyens financiers.

En 1947, l’étude fut reprise par différentes personnalités nivelloises, dont Mr le notaire Van Pée, qui a consulté les autorités, des compétences, encouragé des artistes. Il réussit à rassembler une documentation importante qu’un Nivellois d’élite, le regretté Ministre Henri Pauwels voulait amener en Amérique, où il espérait pouvoir obtenir les fonds nécessaires, les Etats-Unis étant à ce moment soucieux du relèvement de la Belgique. Il faut noter qu’à ce moment aucune indemnité de dommages de guerre n’était envisagée. Ce dossier a malheureusement disparu avec son porteur dans le tragique accident d’aviation de Gander. De plus, aucun des éléments ayant servi à le constituer n’a été retrouvé à Nivelles.

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