Numéro spécial consacré à « La Rose de Sainte-Renelde, conte inspiré par la pièce wallonne de Georges Willame [1890]

Au cours de mon adolescence, j’ai découvert une œuvre peuplée de naïfs et ingénus sortilèges : le drame musical nivellois « El Roûse dè Sinte Ernèle ».
Certes, j’en connaissais l’argument, mais je n’y avais trouvé, dans un premier temps, qu’une belle fabulation. Comme il arrive qu’un arbre puisse cacher la forêt, le récit, empli de merveilleux, masque une authentique page de la vie nivelloise et avec elle, une page de la vie wallonne et même de la vie belge. Ceci dans deux domaines : d’une part, les croyances et traditions populaires, d’autre part, la politique sociale, économique, scolaire, militaire et communautaire de 1889.
L’écrivain Georges Willame a structuré la légende et rédigé le texte avec l’aide de son collègue Edouard Parmentier ; le notaire Hector Declercq est l’auteur de l’arrangement musical, tandis que son frère, le docteur Ernest Declercq, a réalisé la mise en scène. Tous quatre appartenaient à l’aile progressiste du parti libéral, chez qui certaines idées rejoignaient celles du tout jeune Parti Ouvrier Belge.
La pièce « El Roûse dè Sinte Ernèle » doit avoir été écrite au cours de l’année 1889 puisque sa première exécution date du 2 mars 1890. Le journal « Le Courrier de Nivelles » en parle huït jours plus tard. Il signale bien qu’il s’agit d’une légende et que le spectacle a remporté un très grand succès. Il ne relève toutefois pas le choix exceptionnel du vocabulaire wallon et des expressions purement nivelloises. II ne saisit pas davantage qu’à côté de la fable – qui n’est pas uniquement d’intérêt local – de la rose miraculeuse et du flûteau enchanté, on voit des habitants de Nivelles et des villages contigus nous livrer leur existence quotidienne, avec leurs moeurs, leurs croyances, leurs superstitions, leurs bonheurs, leurs travers, leurs vices, leurs souffrances et leurs espoirs.
Je n’ai rien fait d’autre que tenter de reconstituer ce mélange de mythe et de réalité.

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