Souvenirs Nivellois d’un Aclot de 1924. (partie 2)

III. Les jeunes années
Quel beau poste d’observation nous avions trouvé là ! Emerveillé, je retrouvais tout mon petit univers de 1933 : la place Gabrielle Petit, la rue Sainte-Anne, et la place Saint-Paul ! Le regard me restait figé, et je ne parvenais pas à remettre mon esprit en marche ; c’était comme si j’avais été hypnotisé. Ce fut Pierre-Jean qui me tira de cet état second :
— Alors, petit, c’est donc bien cela que tu désirais revoir ?
Je me secouai :
— Oh oui, l’Ancien, et mon bonheur est complet. Pour toi, bien sûr, cette vue est banale, et je le comprends mais pour moi, vois-tu, c’est comme une seconde naissance.
Vois cette rangée de maisons : chacune d’elles me ramène un souvenir ; regarde tous ces seuils en pierre bleue : mes semelles de gosse ont contribué à les user et, comme pour se venger, ils m’ont écorché plus d’une fois les genoux !
Une pensée rapide me traversa l’esprit:
— Dis-moi, Pierre-Jean, pourrai-je également revoir les gens ?

……..