Valentin aux Brandons : La Promesse.

Je connais ta profession.
Tu as prononcé tes voeux il y a longtemps. Ta foi est tendre. Ta foi est fervente. Parfois elle est véhémente. Cependant en ces rares instants son flamboiement n’aspire à aucune domination. Elle n’impose pas des règles, elle récuse les préjugés. Elle ne tend pas à m’assujettir. Elle dédaigne le rituel. Elle n’édicte point des interdits pour t’autoriser à pardonner mes infractions. Enfin, elle ne dessine pas des signes impérieux pour me contraindre à des génuflexions.
Je sais.
Ta religion a la grandeure des petits bonheurs.
Dimanche vient chaque jour heurter ta porte et tu le reçois à bras ouverts. Tes vacances ne connaissent point de fin. Tu ne cesses de le répéter. A son lever le soleil vient s’allumer aux diaprures de ta tendresse.
Je le sais également.
Le matin, à l’heure précoce du petit déjeuner, je te retrouve vêtue de ton bonheur tranquille. Tes grands yeux bruns ont délaissé leurs rêves nocturnes pour s’ouvrir sur le pastel fragile de notre existence. L’arôme du café, l’odeur chaude des tartines grillées parfument notre demeure. Je suis là.
Tu n’en demandes pas davantage.
Entre deux bouchées, entre deux gorgées, nous échangeons des banalités. Nous ne refaisons pas le monde. Nos propos sont insignifiants. Nous ressemblons à des voyageurs patients sur le quai d’une gare sans train.
Nos paroles n’ont pas de poids. Elles sont légères comme la fumée de notre première cigarette. Elles disent nos lenteurs.

………..


Laisser un commentaire

Verified by MonsterInsights