Souvenirs : Promenade vespérale. [Paul Collet]

Fréquemment, après le repas du soir, davantage aux chaudes journées, Paul COLLET prenait le frais.

L’un de ses enfants l’accompagne d’habitude. C’est mon tour. Papa porte son légendaire veston noir s’accordant au sempiternel pantalon rayé. Devant la grande glace du bureau, du plat de la main, il lisse sa mèche noire et corrige l’ordonnance de son nœud papillon. Il se couvre de l’alpin ou de son chapeau mou et décroche la canne de bambou fumé, accessoire qui lui donne plus bonne contenance qu’assistance.

Si l’itinéraire n’est pas immuablement fixé, le besoin du contact avec la ville et ses bonnes gens I ‘attire vers la rue de Namur, centre commercial et populeux. On prend la rue de Bruxelles pour bifurquer par la rue du Pont Gotissart ou du Messager d’Anvers. Il jette un regard émerveillé sur les façades et pignons prestigieux de cet îlot ravalé d’heureuse façon.

Puis, on enfile la « grande artère». D’une main, Papa balance sa canne d’avant en arrière ; la dextre est en perpétuel mouvement pour soulever le couvre-chef. Il tient à saluer les Nivellois qu’il croise, avec un petit sourire assorti d’un mot gentil. C’est un geste sacré, cent fois répété. Un court échange avec l’ouvrier ou le petit négociant l’enchante autant que le dialogue avec une personnalité.

Il trouve toujours un côté drôle aux choses… comme aux gens, en gravissant allègrement la rue montante, toute bordée de devantures alléchantes. Le passage à niveau de la gare de l’Est est atteint. Une courte hésitation, celle de voir passer le Bruxelles-Charleroi et on s’installe à la terrasse de l’Hôtel de France, local du Comité de Wallonie et du Cercle d’Amitiés Françaises. Halte bienfaisante et doublement quand Mme Imdtal sert les grands demis aux cols blancs, sources de fraîche amertume. Parfois, une connaissance ou un ami fait que l’on double la dose, mais cela suffira.

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