Trente Collégiens dans la Tourmente (10 Mai-31 Mai 1940) « suite »


Vendredi 24 mai : Nous quittons Esen et nous nous engageons sur la route DIXMUDE-TIELT. Beaucoup d’entre nous ont remplacé leurs godillots par des chaussures plus légères. En cours de route, nous apprenons que les quais du port d’Ostende ont été bombardés (?) et que les malles ont gagné l’Angleterre. Le bruit circule également que Nivelles est reprise (?) par les troupes alliées après des combats de rue acharnés (???). Par ailleurs, la colonne blindée allemande signalée la veille serait arrivée à POPERINGHE. (En fait, à ce moment la division fantôme Gudérian-Rommel était stoppée au Sud-Ouest de DUNKERQUE par ordre d’Hitler), Quelques-uns d’entre nous suggèrent de se planquer sur place et de se terrer non loin de la grand-route. Curiosité de voir ces fameux « Panzers » de la division Rommel, déjà légendaire. Nous pensons dans notre candeur naïve qu’il s’agit tout bonnement d’une colonne qui, coupée de sa base, essaye de regagner les lignes allemandes en semant le désarroi sur nos arrières (?). Les heures qui allaient suivre devaient drôlement nous désillusionner ! Un hôpital de campagne est installé à ZARREN et l’abbé Coucke, aidé d’un aumônier militaire, entame des démarches afin d’obtenir un camion qui, en une heure, pourrait nous mener à destination. Cela s’avère impossible. Toutefois, les plus éclopés pourront bénéficier de quelques kilomètres en ambulance, celle-ci empruntant le même itinéraire jusqu’au carrefour de la route BRUGES-ROULERS. De nombreux convois de blessés ne cessent d’arriver. Nous devinons, sous les carrosseries surchauffées marquées de la Croix-Rouge, la souffrance silencieuse de nos soldats qui viennent de donner leur sang pour que vive la Belgique. Eugène Delmelle vient de retrouver son oncle, officier dans le corps médical. Il nous renseigne aussitôt un camion qui suit le même trajet que l’ambulance et qui pourra, de ce fait, abréger notre marche de 11 kms. Il nous apprend aussi que les Allemands ont atteint la mer, encerclant ainsi la Belgique et le Nord de la France. Nous pensons à cette fameuse division Rommel qui vient de prendre notre armée ainsi que les unités françaises et anglaises dans une nasse. Cependant, l’insouciance de notre jeunesse ne s’émeut pas outre mesure. Et ma foi, un encerclement, ça se brise. L’armée française va certainement rétablir la situation. « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts » : alors pourquoi s’en faire ??? Nous apprenons que FURNES est détruite (bobard). Durant le trajet, nous apercevons une centaine d’avions allemands. En formations serrées, ils se dirigent vers Dunkerque. Notre D.T.C.A. déclenche aussitôt un tir de barrage nourri et de nombreux flocons noirs viennent entacher la pureté du ciel. Le tir est particulièrement bien ajustés car plusieurs appareils sont obligés de s’écarter de la formation. Après 11 kms de parcours en ambulance et camion, nous reformons les…..

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